« L’amour d’un père est plus haut que la montagne. » proverbe japonais

De toute sa grandeur, il règne. Immuable, l’amour d’un père surplombe et compose le paysage que nous avions à chaque réveil, lorsque nous étions enfants. Peut-être vous souvenez-vous de cet amour comme d’une colline au dos vouté. Peut-être était-ce un immeuble gris et froid. Ou peut-être était-ce un vaste champ de bataille dans lequel vous pouviez vous échapper, rire et rêver. Enfin, peut-être que vos souvenirs sont simplement des terrains vagues…

Un père nourrit les songes et pousse à l’aventure. Lorsque le ciel est dégagé, il est facile pour l’enfant d’en deviner les contours et les sillons. Connecté à l’instant, on dit du tout-petit qu’il « sourit aux anges ». Puis l’enfant grandit, et du haut de ses 90 cm, se saisissant d’un crayon mal taillé, et par des traits approximatifs, il trace les premières esquisses de ses souvenirs qu’il glissera contre son cœur le jour du grand départ.

L’amour paternel est un voyage.

Le jeune enfant qui apprend à marcher, tombe après trois pas, puis se relève. Courageux, se sentant soutenu, il est décidé à rejoindre ce sur-homme lui faisant face. En cet instant heureux, porté par ses sandales ailées, le bambin ignore que les Dieux ne sont que de passage sur la terre des hommes.  Il ignore qu’ils vivent cachés derrière des statues, par-delà les montagnes et par-dessus les brumes. Qu’ils croulent sous des chaînes héritées de leurs pères. Qu’ils se croient libres et dansent au rythme des envies. Certains pleurent le soir sur l’épaule des regrets. S’asseoir à leur table est-il un privilège ? En son temps, un demi-dieu, nommé Hercule dût prouver douze fois sa valeur. Il affronta, le plus souvent à mains nues des cauchemars mythologiques. Et si l’on parlait de l’enfant qui dort sur votre ventre aujourd’hui : Combien de fois, au cours de sa vie, devra-t-il affronter vos peurs ? En étant qu’une partie de son père, un enfant peut-il être bien meilleur ? Aucune ascension ne se fait sans peine…

Au pied du versant du Mont Céleste, certains d’entre nous seront figés et feront demi-tour. D’autres avanceront en affrontant la géographie des sommets. Les premières années, ils suivront des sentiers balisés, fleuris et agréables. Puis, fatigués, après plusieurs kilomètres sur les steppes et l’impression de tourner en rond, leur reviendra le souvenir d’un moment heureux. Ils observeront alors leur boussole, allégeront leur bagage et verront d’autres chemins se dessiner, par-delà la montagne.

C’est en se hissant sur les épaules des rochers, en se rapprochant de l’amour d’un père, qu’un homme comprend que le bonheur n’est pas la destination, mais le chemin.

Monsieur Chou