Je continue d’écrire

Je continue d’écrire pour que tu nous vois grandir. Pour que les mots se déposent sur les instants et les capturent les uns après les autres. Je continue d’écrire parce que les images tu les possèdes déjà. Tu ne le sais pas encore, mais avec tes grands yeux noirs, rien ne t’échappe. Bientôt, tu sauras lire... même entre mes lignes.

J’ai une fâcheuse tendance à croire que je ne serai pas un bon père. Je suis déjà un homme, un enfant, un ami, un frère, un collègue, un conjoint et un amant. Reste-t-il de la place ? Mais, ce n’est pas ta faute. L’inconnu est arrivé 9 mois avant toi en posant ses balises. Alors voilà, j’ai peur. Je ne baisserai pas les bras. Je vais me battre. Ce ne sera pas pour la gloire, ou pour la liberté. Mais pour ta main qui s’accroche à la mienne, pour ton sourire aux anges, tes gencives lisses et ta brosse sur la tête. Je vais me battre pour que ta main se détache de la mienne, pour ton sourire en reflet, pour tes aspérités et tes cheveux dans le vent. Ma guerre sera intérieure. Parfois, tu la devineras lorsque tu seras dans mes bras. Souvent ma carapace te protégera. Et puis, un jour, tu découvriras une montagne de carnets. Je t’écrirai toute ma vie pour que tu nous vois grandir. Pour que les mots se déposent sur les instants et les capturent les uns après les autres, dès le premier jour.

Ce matin le café coule et mon cœur bat. Je les sens tous les deux. Ce matin, je goûte au silence intense d’un événement heureux. Si je suis seul en cet instant, ce n’est pas que la femme que j’aime est partie. C’est que je m’apprête à venir vous chercher toutes les deux. Il est 7h00. Je suis heureux et fier. Je suis père.