LE BILLET DES PAPAS

L'enfant qui était Sage (Conte Inspiré d’une Leçon de sagesse de Thich Nhat Hanh.)

 

Un garçon de douze ans venait chaque mercredi après-midi au centre aéré du village. Cette parenthèse était très attendue, car il aimait pratiquer en groupe des temps de Pleine Conscience avec cet animateur aux cheveux longs et aux yeux clairs. Il aimait observer les sensations que les éléments extérieurs provoqués sur son corps. Ainsi que les sensations intérieures qui le visitaient lorsqu’il était assis, patient et prêt à les accueillir. Il savait maintenant les reconnaitre et les nommer. Ces instants lui offraient un espace de liberté et de confiance dont il avait besoin, car le jeune garçon avait un grave problème avec son père. Chaque fois qu’il faisait une erreur, celui-ci, au lieu de l’aider, l’accablait. Ainsi, quand il tombait et se blessait, son père rageait: « Espèce d’idiot ! Comment peux-tu être aussi maladroit ! Tu n’es qu’un bon à rien.»

 

A cette étape de l’histoire, il n’est pas difficile de comprendre que notre jeune garçon ne pouvait ni s’identifier à lui, ni le considérer comme un modèle... Il s’était même juré qu’il ne traiterait jamais son propre enfant comme cela. Dans une situation identique, il ne crierait pas, il le prendrait simplement dans ses bras et s’efforcerait de l’aider.

 

L’année suivante, l’enfant vint à nouveau au centre, accompagné de sa petite sœur. Un mercredi d’octobre, alors qu’elle jouait sur un hamac avec d’autres enfants, elle fît une chute. Sa tête heurta le sol et une bosse apparût. La petite était en pleurs. Brusquement, le jeune garçon sentit l’énergie de la colère monter en lui. Il était sur le point de foncer sur sa sœur en lui criant : « Espèce d’idiote ! Comment peux-tu être aussi maladroite ! Tu es bête ou quoi ?! » Il était sur le point de se comporter comme son père. Puis, lui revînt le visage lumineux et les mots paisibles de l’animateur. Rassuré, il fut en mesure de se maîtriser. Et au lieu de s’emporter, il s’éloigna. Il se mit à marcher et à respirer en conscience, tandis que d’autres s’occupaient de la fillette. Tout d'abord il concentra son attention sur son souffle, puis élargit progressivement sa zone de conscience aux sons environnants. En à peine trois minutes, une pensée le traversa. Il comprit que cette réaction, cette colère, était une sorte « d’énergie d’habitude » que lui avait transmise son père. Il était devenu, à la vue de la blessure, exactement comme lui. Il ne voulait pas traiter sa sœur ainsi, mais l’énergie communiquée par son père était si puissante qu’il faillit se comporter comme lui…

 

Pour un garçon de treize ans, c’était une belle prise de conscience.

 

Il fit encore quelques pas dans la cour, et soudain, fut rempli du désir de transformer cette énergie d’habitude. Il savait qu’il possédait en lui suffisamment d’amour et de confiance pour mettre un terme à ce cercle vicieux.

 

Quelques années plus tard, allongé sur son lit et pratiquant des exercices de respiration, une pensée lui vint. Le jeune homme découvrit que son père devait-être, lui aussi, une victime de cet héritage. Il était probable que cet homme, durant toutes ces années, ne souhaitait pas le traiter ainsi. Son comportement n'était que le reflet de son « énergie d’habitude » qui était trop forte. Comprenant cela, toute la colère accumulée contre son père s’évanouit. Il eut brusquement le désir de redevenir jeune enfant pour le voir rentrer du travail et le prendre dans ses bras en l’invitant à reconnaître et à nommer la colère qu'il avait en lui.

 

L’histoire ne dit pas si le garçon reprit contact avec son père, ni si celui-ci fût prêt à accueillir cette sagesse.

Ce que cette histoire nous dit, c'est que le jeune homme contribue désormais à rendre le monde meilleur.

 

 

Monsieur Chou (David Falguiere)

Le Billet des papas est une initiative de la Maison de la famille de la ville de Reims. 

 

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