LE BILLET DES PAPAS

“On se rappelle beaucoup mieux les bons moments : alors, à quoi servent les mauvais ?” Boris Vian

 

Les beaux jours sont arrivés, vous regardez par la fenêtre. La voie semble libre. Aujourd’hui, vous vous sentez capable de vous frayer un passage, un chemin de traverse, un pas de côté, un sentier éclairé par l’étoile du jour. Aujourd’hui c’est le grand saut dans la vie. Aujourd’hui c’est le changement de plafond, la traversée des papiers peints, la découverte d’un univers encore bien plus vaste que les quatre murs du foyer. Aujourd’hui le décor sera la forêt, les vignes, les champs, le pâté de maison, le banc du bout de la rue.  Aujourd’hui, c’est le retour du célèbre duo « Casquette/Lunettes ». La brise est légère. En haut des arbres, on voit les feuilles respirer et vous ne vous posez plus de question. C’est aujourd’hui que vous hissez la grand-voile, que vous partez à l’aventure ! Une fois porté, qu’importe qui de Borée ou Euros vous décoiffera, qui de Notos ou Zéphyr jouera à saute-moutons entre les doigts de pieds de bébé. Vous respirerez le grand air.

 

Mais d’abord se parer. Non pas de pierreries lourdes, mais de fibres aériennes. Observer le tissu se tendre jusqu’au sol. Saisir bébé, et le blottir dans une nymphe faites de coton, de lin, de laine ou de cachemire. Le tenir contre soi, se sentir Un et accompagner chaque mouvement de ce rituel heureux par ces mots…

 

Ces gestes imaginés cent fois, ce matin je les fais avec toi. Croiser, plisser, déplier, nouer. Te glisser contre moi. T’envelopper dans une armure de soie, ton étoffe de roi. Pan par pan je bâtis ta confiance. Ni te tirer, ni te pousser. Simplement t’élever à hauteur d’Homme, à hauteur de vies. Celle de l’instant, celle de nos souvenirs, celle de tes songes. Je m’imprègne de ta respiration, elle emplit ces fibres qui nous lient.

 

Je t’observe petit homme, et parcours tes yeux clos.

A distance de secrets, je chuchote les mots.

Respirant ton arôme, et embrassant ta peau.

Je déploie, fier, mes ailes. Nous faisons le grand saut.

 

Les aiguilles de l’horloge tombent, nous nous envolons. Le temps n’a pas d’emprise sur la gravité. Vivons notre rêve, notre conte, une trêve. Semons des graines par-dessus les toits, les lacs et les géants. Toi, petit chaperon blottit contre l’instinct d’un loup aimant. Partons dans un pays imaginaire où les enfants ne seraient plus perdus. Posons-nous sur cet astéroïde pas plus grand qu’une maison. Traversons les époques, les cultures, les âges et voyons la nécessité, la tradition et la curiosité porter les mêmes couleurs, les mêmes motifs, les mêmes tissages. »

 

Je t’observe petit homme, et parcours tes yeux clos.

A distance de secrets, je chuchote les mots.

Respirant ton arôme, et embrassant ta peau.

Je déploie, fier, mes ailes. Nous faisons le grand saut.

 

Puis, faire le premier pas, franchir le seuil et sentir l’aventure au bout du couloir. Pousser la porte, se laisser éblouir, se laisser réchauffer. Consentir au soleil. Puis, observer la vie et suivre le premier imago coloré qui vous frôle. C’est un être fragile et contraint par le temps, qui poussé par l’essentiel et nous mène aux bons moments…

 

Monsieur Chou

Le Billet des papas est une initiative de la Maison de la famille de la ville de Reims. 

 

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